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|| MUSIQUE || Steven Wilson a fait voyager son public dans un autre univers, au Arenbergschouwburg d’Anvers

Ce mardi 12 mars 2013, la salle du théâtre d’Arenberg s’est vue accueillir la formation musicale du génie britannique Steven Wilson. C’est dans un autre univers que l’artiste a embarqué son public avec un set de plus d’une heure, pour l’occasion de la sortie de son troisième album solo « The Raven That Refused To sing (And Other Stories) ». Lors de cette soirée, on a eu droit à du très grand Steven Wilson


Who is Steven Wilson?



Souvenez-vous, on vous en a déjà parlé sur Belle&Belge avec notre chronique sur le dernier album live de Porcupine Tree, « Octane Twisted »
Steven Wilson, c’est cet homme aux cheveux mi-longs, châtains clairs et raides comme des baguettes, à l’oreille droite percée et aux lunettes « prog » indémodables vissées sur le nez. C’est surtout ce musicien et ce compositeur hors pair et boulimique de travail. Et oui, ce prodige de la musique joue dans de multiples formations telles que Porcupine Tree, No-Man, Black Field, Bass Communion, IEM et Storm Corrosion.
 L’artiste est un inconditionnel de rock progressif, de jazz, de musique expérimentale et industrielle. 
Steven Wilson, c’est également cet ingénieur du son de formation, ce guitariste, claviériste, chanteur, compositeur et leader hors paire. C’est un homme aux multiples talents et aux multiples facettes. Un artiste et un homme d’affaire. Un intellect et une sensibilité. Oui, Steven Wilson, c’est tout ça à la fois… et même bien plus encore.
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Steven Wilson © Naki
Le concert ou encore la grosse claque musicale de 2013 qui réveille
 
Et oui, une claque pareille, inutile de vous dire que ça pourrait même réveiller un dormeur sous somnifères ou plus morbide encore, un mort. 
Qu’on se le dise, 2013 commence bien, même très bien. En effet, après avoir assisté fin février au concert de Gavin Harrison & 05Ric Band, la crème de la crème des batteurs et accessoirement batteur de Porcupine Tree, on continue avec le projet solo du leader du même groupe. 
2013, une jolie année musicale qui commence. Cependant, c’était sans compter le désastreux épisode de la neige qui a paralysé une partie de la Belgique le jour du concert de Steven Wilson. En effet, il était moins une car sans les jolis rayons de soleil apparus à la fin de l’après-midi, on aurait manqué ce moment musical exceptionnel tellement attendu depuis des mois. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir Steven Wilson en concert, en Belgique. 

 
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Bref, mardi soir, après avoir bravé la neige et le gel, après avoir vu un magnifique coucher de soleil sur la route, on est enfin arrivés sains et saufs au théâtre d’Arenberg, à Anvers. 
On a pu y découvrir un magnifique endroit, plutôt design avec son bar et ses fauteuils cosys. Le rez-de-chaussée est alors noir de monde. Étonnant avec un temps pareil. 

Une fois entrés à l’intérieur de la salle du théâtre, on se retrouve plongés dans une ambiance sombre et inquiétante. Une musique de fond crée un climat étrange, quelque peu angoissant. Ces sons proviennent de la nouvelle chanson de Bass Communion, mélangée à une ancienne chanson appelée « Haze ». Le rideau rouge n’est pas fermé. Au fond de la scène, on aperçoit une projection de la fameuse lune représentée sur le nouvel album du chanteur, qui disparaît de temps à autre sous une brume épaisse et sous quelques nuages d’un blanc vaporeux. Bref, le climat est installé, le ton est donné, on sait  désormais à quoi s’attendre avec ce spectacle.
 
On peut également apercevoir le matériel des musiciens disposé sur scène. On n’a qu’une hâte, c’est que le concert commence.
En attendant, les personnes affluent et les places se remplissent. Plus le temps passe, plus la lumière faiblit et plus le son se fait de plus en plus fort, jusqu’à atteindre son paroxysme et là, les musiciens montent sur scène, se placent derrière leurs instruments et le show peut enfin commencer.

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Durant tout le concert, Steven Wilson nous vend du rêve et nous plonge dans un autre monde, qui est en réalité le sien et le fruit de son imagination, le tout aidé par des projections vidéos et un jeu de lumière aux ambiances colorées intéressantes. La scénographie est sobre mais bien disposée. Le tout est bien pensé. 
 
Cinq musiciens accompagnent Steven sur scène, et pas n’importe lesquels. On a droit aux gratins des instrumentistes avec Nick Beggs (Kajagoogoo – Iona – Ellis, Beggs & Howard ) à la basse, au chapman stick et aux secondes voix, Guthrie Govan (The Aristocrats – Erotic Cakes – Asia – GPS – The Young Punx – The Fellowship) à la guitare électrique, Adam Holzman (Miles Davis – Marcus Miller – Robin Kenyatta – Michel Petrucciani, Ray Wilson,…) aux claviers, Marco Minnemann (The Aristocrats – Necrophagist – KMB – Paul Gilbert,…) à la batterie et Theo Travis (Robert Fripp – Porcupine Tree – Bass Communion – Richard Sinclair – Gong – No Man,…) aux instruments à vent tels que les flûtes et saxophones. 
 
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Les musiciens de Steven restent plutôt discrets et sobres sur scène. Nick Beggs est peut-être le plus classieux et prestigieux, de part sa grande taille et tout de noir vêtu, avec des lunettes aux verres teintés et des longs cheveux blonds/blancs encadrant son visage. Il reste le plus souvent figé mais prend soudainement vie sur certains morceaux, la basse alors tenue à la verticale, les jambes fléchies « made in rock’n’roll baby ». Cet homme possède une voix magnifique ainsi qu’une technique musicale incroyable. Peu de musiciens peuvent se venter de jouer aussi bien de la basse ou du chapman stick. Guthrie Govan, l’homme aux longs cheveux bouclés qui porte d’ailleurs un magnifique t-shirt aux bonshommes phosphorescents, reste quant à lui à droite de la scène, plutôt calme et concentré sur sa guitare. Il nous livre tantôt des riffs bien lourds, tantôt des solos pointus et des ambiances sonores travaillées. Le claviériste Adam Holzman nous livre également de jolis accompagnements ainsi que de jolies mélodies et ambiances sonores. Il reste lui aussi plutôt discret derrière son instrument. Venons-en maintenant au grand Marco Minnemann, le célèbre batteur d’origine allemande. Le musicien est doté d’une excellente technique ainsi que d’une excellente force et vitesse de frappe. Il nous livre par moment des passages beaucoup plus épurés, avec juste quelques coups de cymbales, puis nous envoie du très lourd avec sa double pédale, ses roulements et ses ouvertures de charley rapides. Steven s’en encore entouré d’un excellent batteur! Pour finir, Theo Travis oscille entre ses différents instruments à vent. Il nous surprend par sa grande technique et nous livre des moments plus qu’intéressants. En effet, il est toujours étonnant d’entendre des passages plutôt rock accompagnés de notes de saxophone ou de flûte traversière. 

Steven Wilson a toujours su s’entourer des meilleurs musiciens et il nous le prouve encore cette fois avec l’opus « The Raven That Refused To Sing (And Other Stories) » et cette nouvelle tournée. 
Pour ceux qui ne le savent pas, ce nouvel album se base sur une collection de contes surnaturels. L’artiste s’est inspiré d’histoires de fantômes et d’écrivains les plus célèbres tels que Edgar Allan Poe, M.A. Allen et Arthur Macken.
 
Durant le set, les musiciens enchaînent les morceaux, Steven passe sans cesse de la guitare aux claviers (d’ailleurs, on salue Tonto, le technicien guitare au t-shirt vert flashy, qui passe son temps à faire de multiples allées et venues sur scène pour lui apporter et lui reprendre ses différentes guitares). Tantôt debout, tantôt assis, l’artiste gesticule aussi auprès des membres de son band, agitant les bras et les mains tel un chef d’orchestre. Il est parfois plus calme, sobrement assis sur une chaise haute, les jambes croisées, la guitare sur les genoux, nous délivrant des chansons aux passages plus intimistes. 
 
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Les spectateurs ont découvert ou redécouvert des titres du nouvel album entrecoupés par certains plus anciens. On a entre autre ré-apprécié les très connues « Index », « Harmony Korine », ainsi que la longue pièce de jazz « Raider II » et « No Twilight Within The Courts Of The Sun ». On a également découvert la totalité des chansons du nouvel album: « Luminol », « Drive Home », « The Pin Drop », « The Holy Drinker », « The Watchmaker », et pour finir, la sublime et émouvante « The Raven That Refused To Sing », le nouveau single, juste avant le rappel. 
Le britannique nous a offert un show bien orchestré, bien pensé, cohérent à souhait au niveau de l’enchaînement des chansons jouées ce soir-là.
 
Cependant, ce que l’on peut reprocher à ce concert, c’est qualité des projections vidéos diffusées dans le fond de la scène. Ces dernières n’ont pas été nettement visibles par toutes les personnes présentes dans la salle. Par endroit, elles ont été comme noyées par un trop plein de lumière, rendant les images grisées, voire quasi invisibles. Une réelle déception quand on connaît la beauté de ces petits films. Un problème certainement causé par la configuration de la salle et des lumières. Effectivement, ces dernières ont peut-être été par moment trop fortes, aveuglant le spectateur des premières rangées. 

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Un problème qui, heureusement, n’a pas été rencontré lorsque ces mêmes vidéos ont été projetées sur le fameux voile transparent (ingénieux et surprenant de le voir en vrai), séparant la scène du public pour quelques chansons, en plein milieu du set. Un système qui fait vraiment son effet. Grâce à ce voile, on peut à la fois apercevoir les membres du groupe à travers cette « membrane » et leurs ombres projetées, ainsi que les vidéos. Bref, un très beau concept et un des moments inoubliables du show. Quand le voile tombe d’une traite devant soi, avant la chanson « The watchmaker », on ne s’y attend vraiment pas. La salle est alors plongée dans le noir et des images étranges défilent devant nous, accompagnées par des sons étranges d’horloges et de montres. Steven explique sur sa page Facebook qu’ils proviennent également de Bass Communion. Ce collage sonore est inspiré d’un titre du célèbre compositeur britannique Harrison Birtwistle, « Chronometer ».
 
Un deuxième point sur lequel on pourrait être pointilleux concerne le mixage. Comme dans la majeure partie des concerts d’artistes, lorsque les chansons montent en intensité, on n’entend pratiquement plus qu’un brouhaha. Mardi soir, il a par moment été difficile de discerner correctement la voix du chanteur (toujours superbe et chaleureuse, comme d’habitude), les toms et la grosse caisse de la batterie, la basse, etc. Un problème bien trop souvent rencontré dans le milieu de la musique. 
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Contrairement à ça, on peut dire que l’on a assisté à une belle communion entre Steven et son public, et entre Steven et ses musiciens. Et à vrai dire, en le voyant si menu et si petit sur scène, on se demande comment ce boulimique de travail parvient à composer autant de chansons, à assurer autant des concerts et de projets différents. Steven Wilson, c’est un peu un esprit, un intellect et une créativité jamais au repos, jamais égalés.  
 
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Mardi soir à Anvers, Steven Wilson nous a donc offert un show de qualité, avec des projections vidéos, de jolis jeux de son et lumière, avec surtout un set de qualité et des musiciens de talent. Le britannique est un artiste très professionnel, doté du sens des affaires.  A moins que ce ne soit un homme d’affaire doté d’un grand sens artistique. On s’y perd parfois. Tout est réglé et contrôlé pour offrir à son public un show musical qui vaut le détour ainsi que des « albums concepts » aux chansons de qualités et aux artworks recherchés. 
Belle&Belge vous conseille donc de vous rendre au moins une fois à un concert de Steven Wilson et d’acheter un de ses albums. On vous prévient, à partir de cet instant, votre vie pourrait très bien changer. Et il va sans dire qu’il en sera probablement de même pour votre éveil musical. Une fois que l’on a goûté au jazz, au rock progressif, expérimental et industriel et aux constructions musicales particulières de Steven Wilson, il est difficile de s’en défaire et de retourner à des choses plus simples… Tel est le prix à payer quand on croise la route d’un génie, d’un artiste, d’un musicien et d’un compositeur de talent comme lui.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=u4XevlloPY4]

Clip « The Raven That Refused To Sing » – Steven Wilson

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La paire de baguettes dédicacées de Marco Minnemann  et l’édition limitée de « The Raven That Refused To Sing (And Other Stories) »
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rédigé par La Rédac’ Chef 

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