« Libre… enfin libre » est le premier roman de Meriem Le Garlantezec Derrer, une jeune femme auteur algérienne qui vit aujourd’hui en France. Celle qui a fait des études de cinéma se voit aujourd’hui publier son premier livre dans le but de le porter un jour à l’écran. Belle&Belge s’est penché sur cette histoire bouleversante, à la fois fictive et basée sur des faits réels, qui se déroule dans une Algérie en plein terrorisme.
| – L’auteur recherche un scénariste pour adapter son roman au cinéma! – |
L’intrigue du roman

Revenons à Fatima et à sa famille. La jeune fille et ses parents habitent Sidi Ali Boussidi, un village près de Sidi-Bel-Abbès. Ils pratiquent l’islam dans un esprit de respect de soi, de l’autre et de liberté. Mais les choses se passent si mal en Algérie qu’un jour, alors que la jeune fille donne cours dans son école, elle reçoit des menaces de mort. L’ expéditeur de la lettre veut qu’elle arrête son métier et qu’elle porte le voile. C’est alors que le père de Fatima suspecte son neveu, Hamid, d’être l’auteur de ces lettres. En effet, il serait depuis peu au service de l’émir. Pour éviter tout conflit, Fatima finit par céder. Et elle a bien raison car les représailles peuvent être lourdes. Le peuple vit quotidiennement dans la peur. Nombreux sont les voisins assassinés. La police ne peut rien y faire. Les témoins doivent se taire au risque de le payer de leur vie.Et ce n’est pas tout, les terroristes viennent enlever des enfants et des jeunes du village afin de rejoindre l’armée de l’émir.
L’arrivée de Fatima en France fait donc l’objet de la deuxième partie de l’histoire. C’est à l’université qu’elle rencontre un jeune garçon, Mohammed. C’est un marocain musulman non pratiquant. Le temps passe et les deux jeunes finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. Très rapidement, ils décident de se fiancer et de se marier. Cependant, la famille de Fatima ne voit pas cela d’un très bon oeil. Ils préfèrent qu’elle se consacre entièrement à ses études. C’est après le mariage que Mohammed va progressivement changer. Fatima ne comprend pas cette étrange évolution. Son mari rentre tard chez eux, il devient instable et agressif. Il semble côtoyer un nouveau cercle d’amis. Fatima comprend alors que ces changements ne présagent rien de bon. Comment va se dérouler son avenir? Celle qui a quitté son pays pour être libre et en sécurité le sera-t-elle réellement en France? Pour le découvrir, nous vous conseillons sans plus attendre de dévorer ce roman.
Notre avis sur le récit
Meriem LE GARLANTEZEC DERRER, Libre… enfin libre, Ed. Éditions du Panthéon, 2012, 132 p.
Concernant le fond de « Libre… enfin libre », on peut en dire que c’est un roman engagé, inspiré de faits réels. L’histoire est à la fois touchante et révoltante. On a du mal à rester neutre et à ne pas prendre parti pour l’un ou l’autre personnage. On est révolté par les actes perpétrés par les terroristes. Et on ne peut rester de marbre face aux atrocités qu’a vécues le peuple algérien à partir des années 1989-1990.
Grâce à Fatima, qui n’est autre que le personnage principal du roman, l’histoire est en quelque sorte centrée sur la place de la femme dans la société algérienne et dans la religion. Fatima est une jeune femme forte, intelligente, qui ne se soumettra jamais, du moins intellectuellement, aux volontés des intégristes qui veulent en partie contrôler les personnes de sexe féminin. Ceux qu’elle appelle « mécréants » changent les préceptes véhiculés par l’islam mais Fatima, elle, n’est pas dupe. Elle a reçu une bonne éducation, elle connaît sa religion et n’est pas d’accord avec ces actes horribles commis au nom de Dieu. Ce type de personnage au caractère fort est une leçon de courage pour les personnes dans la même situation.
L’auteur cherche à montrer que la femme et toute personne doivent demeurer libres et doivent trouver le courage de se battre pour leurs convictions.
Par le biais de son roman, Meriem Le Garlantezec Derrer souhaite passer de nombreux messages, elle souhaite également faire réfléchir et réagir les lecteurs. Il y a également une volonté de changer les mentalités extrémistes, un peu trop rigides et réfractaires au changement ainsi qu’à l’idée de liberté. La préface du livre relate d’ailleurs très bien les motivations de son auteur.
Petite anecdote, la couverture de « Libre… enfin libre » est par ailleurs réalisée par Vincent Le Garlantezec, le mari de Meriem. C’est d’ailleurs la silhouette de cette dernière que l’on peut apercevoir en noir avec une paire de menottes ouvertes à la main.
Découvrons la jeune femme qui se cache derrière ce roman
Si Meriem Le Garlantezec Derrer s’est lancée dans l’écriture, c’est tout d’abord parce qu’elle souhaitait porter l’histoire de « Libre… enfin libre » à l’écran depuis quelques années. Elle se lance d’abord dans l’écriture d’un scénario dans l’espoir de trouver une boîte de production afin de produire son premier film. Malheureusement, cette démarche n’a pas été simple et aucune maison de production n’a répondu présente. C’est alors que Meriem se dit que le meilleur moyen de toucher le public et de se faire un nom est d’adapter son scénario en roman. C’est ainsi que durant trois années, la jeune femme se consacre à l’écriture de son premier roman « Libre… enfin libre » .
Pourquoi avoir écrit cette histoire?
L’auteur nous explique ses motivations: « J’ai tenu à raconter certains faits réels, qui m’ont bouleversée, et surtout pour témoigner combien la liberté et la vie sont chères; cela semble évident; mais les préserver est un combat de tous les jours pour l’être humain en général et plus spécifiquement pour la femme, et cela de tout temps », extrait de la préface de « Libre… enfin libre », p.8.
Une autre volonté de l’auteur est clairement illustrée dans la seconde partie du livre. Par le biais du personnage de Mohammed, elle souhaite également montrer l’appauvrissement culturel et spirituel ainsi que la fragilité psychologique d’un musulman non pratiquant, d’origine marocaine, qui n’a pas connu l’intégrisme par le passé.
Quels sont les messages véhiculés par le roman?
Elle veut tout d’abord dire aux musulmans de ne pas tomber dans l’intégrisme, bien que ce soit le risque et le danger de toute religion.
Ensuite, elle s’adresse aux femmes en particulier et à leur liberté. Elle demande aux gens de laisser la femme tranquille. Par exemple, celle-ci ne doit pas porter le voile car cela n’existe pas dans l’Islam. Ce sont les extrémistes qui ont inventé le port du hijab, dans l’unique but d’accaparer la femme, bien qu’en réalité, celle-ci est et doit demeurer libre. En effet, l’islam prône la liberté de culte et de l’individu. L’auteur s’explique sur le sujet: « Dans l’islam, la liberté existe. Si un musulman ne veut pas faire le ramadan ou la prière, il est libre de ne pas le faire, même si le Coran le conseille. L’islam, c’est dans le coeur et c’est en chacun de nous. L’islam, c’est chacun pour soi avec ses croyances ».
Meriem continue: « Beaucoup de choses sont interdites et censurées en Algérie. Par exemple, quand les gens veulent faire une petite sortie, ils ne vont pas au cinéma. Il n’y a pas de cinéma dans mon pays. Il n’y en a qu’un à Alger mais les films y sont censurés. Il est malheureux de constater que les scènes où l’on voit un simple baiser sont interdites. Beaucoup de films n’y sont donc pas joués ».
On sait également que c’est pour cette quête de liberté que l’auteur a quitté son pays pour la France, un pays plus libre. Un choix tout à fait compréhensible. Quand on demande à l’auteur algérienne si elle ne craint pas une montée du terrorisme en France, tout comme dans son pays d’origine, elle nous le confirme. L’intégrisme existe déjà bel et bien en France mais Meriem a surtout peur des représailles et du terrorisme. Les paroles de l’auteur résument d’ailleurs bien la situation: « Par le passé, on a eu droit aux siècles de l’intégrisme juif, de l’intégrisme catholique, etc. Aujourd’hui, notre siècle est celui de l’intégrisme musulman ». Ce qui fait froid dans le dos mais on ne peut le nier, c’est une réalité.
Quand on demande à l’auteur si les messages véhiculés par son roman ont fait évoluer les mentalités, elle nous raconte qu’ils ont surtout fait réagir les non-musulmans. Ceux-ci ont bien perçu la façon de penser de la jeune femme. Ce qui n’est pas forcément le cas de deux ou trois musulmans qui restent bornés sur la question du voile. Chez eux, le message a du mal à passer. Les femmes voilées restent toujours sur leurs positions et ne veulent pas s’éloigner de cette « tradition ».
« Libre… enfin libre », n°1 des ventes pendant une semaine! Un début prometteur…
L’auteur est, entre autre, à la recherche d’une boîte de production et d’un scénariste
Pouvoir réaliser et produire un film sur le sujet à l’heure du terrorisme serait une grande première dans l’histoire du cinéma. En effet, aujourd’hui, on ne parle plus que de ça, c’est un sujet très délicat qui est malheureusement toujours d’actualité.
Meriem tient à ce que ce film voit enfin le jour car selon elle, les messages qu’elle veut véhiculer seront de cette façon mieux perçus par les spectateurs. Elle nous explique: « Par exemple, quand je raconte une scène de viol dans mon livre, ça n’aurait pas du tout le même impact si les gens la voyaient à l’écran. Ils se rendraient alors réellement compte de l’horreur de la situation. » En effet, un film permettrait de toucher un public beaucoup plus large, de le choquer et de le faire réfléchir sur des sujets tels que le terrorisme et l’intégrisme musulman.
Concernant la publication de son roman, Meriem Le Garlantezec Derrer l’a édité à compte d’auteur. Cependant, elle cherche éventuellement une seconde maison d’édition intéressée par ce premier livre afin que cette fois-ci, il soit édité à compte d’éditeur. Ce serait une belle l’occasion de conquérir un public plus large en bénéficiant d’une plus grande publicité.
Les projets à venir de l’auteur
Si vous êtes curieux de découvrir son premier roman « Libre… enfin libre », vous pouvez désormais le commander sur une multitude de sites internet. On le retrouve entre autre à la Fnac, sur Amazon et sur Cdiscount.
Super auteure, j’ai beaucoup aimé son livre qui est vraiment très poignant, c’est la première fois que je laissais une larme couler en lisant un livre tellement j’y étais.
Merci Aurélie pour ton message! C’est vraiment gentil d’avoir pris le temps de donner ton avis sur « Libre… enfin libre ». Je suppose que tu dois être impatiente de lire le second roman! Krystel YORKE Maybe It’s Art Webzine