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THEATRE | L’humoriste Khalid Benaouisse revient avec une « Tournée de la gratuité » pour présenter son excellent spectacle « Recueil de grenier »

Il y a quelques mois, le café le « Balthaz’Arts » nous a fait découvrir « Recueil de Grenier » , écrit et joué par l’humoriste louviérois et marocain Khalid Benaouisse. Entre rires, émotions et prises de conscience, l’artiste nous a embarqué dans sa vision du monde tout en dérision. Cet été, Khalid nous a fait le plaisir d’accepter une rencontre avec l’équipe de Belle&Belge pour lever le voile sur son parcours d’artiste et nous parler de sa nouvelle tournée. En avant vers cette découverte humoristique louviéroise… 

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© Kaya PRODAPHIE


Qui est Khalid Benaouisse?

Khalid Benaouisse, c’est cet humoriste à la peau hâlée et aux lunettes vissées sur le nez que l’on a croisé sur les planches de la scène du Balthaz’Arts, un soir d’hiver. 
Khalid est né au Maroc en 1975 et habite depuis quelques années à La Louvière. L’artiste possède un parcours plutôt étonnant. En effet, il s’est tour à tour essayé aux imitations de Michaël Jackson en étant petit, à la danse et au théâtre par la suite, ainsi qu’au stand-up plus récemment. Son admiration pour le roi de la pop l’a amené à fuir le monde conventionnel et lassant du travail, dans l’espoir de faire vibrer et de toucher les gens comme le faisait l’artiste.

Une « tournée de la gratuité » débute avec son spectacle « Recueil de grenier »


Après avoir déjà eu l’occasion de jouer plusieurs fois son spectacle « Recueil de grenier » la saison dernière, Khalid Benaouisse vient de mettre sur pied une tournée de la gratuité de cinq dates. Elle se déroulera de septembre à octobre, en s’arrêtant dans des villes comme Tournai (le 14/09), Ath (le 8/10) et Braine-le-Comte (les 25-26/10).

Ce 16 septembre, l’humoriste va d’ailleurs jouer son spectacle dans l’auditorium du syndicat la FGTB à Jolimont (La Louvière). Ce concept de tournée se veut être gratuit pour les spectateurs, alors profitez-en ! 

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© Kaya PRODAPHIE

« Recueil de grenier » aborde des thèmes principaux comme la communication et les relations entre les individus mais avec toujours beaucoup d’humour. L’artiste s’explique : « J’y aborde les relations entre les hommes et les femmes, entre les sans emplois et les autres protagonistes du monde du travail et entre tout être dans une volonté de se nourrir, de se sentir vivre et d’exister ». Khalid y parle également de ses angoisses, ses délires, ses fantasmes et ses rêves. Bref, des sujets qui dans le fond sont plutôt sérieux et réfléchis alors que dans la forme, ils le sont traités avec beaucoup de dérision. « J’aborde tout cela avec du décalage et de l’humour, mais il y a toujours bien entendu mon point de vue personnel qui transparait dans ce spectacle », précise l’artiste.

« Recueil de grenier » a mis du temps avant de voir le jour. Il s’est construit au fur et à mesure des années, selon les événements vécus par l’artiste. En réalité, il commence à écrire des sketchs sans savoir qu’il en ferait un jour un spectacle. Et finalement, ces sketchs se sont imbriqués les uns dans les autres et ont soudain pris sens pour donner naissance à « Recueil de grenier ». Et vous devez certainement vous demander pourquoi avoir intitulé son spectacle comme cela? Tout simplement parce que c’est dans son grenier que  tout se passe et que tout se crée. En effet, c’est là que l’humoriste travaille et répète ses spectacles. 

Le parcours artistique de «  l’apprenti humoriste »

Comment passe-t-on des imitations de chant et de danse de Michaël Jackson à l’apprentissage du théâtre? Tout simplement quand un des frères de Khalid part à Gand pour en faire. Le futur humoriste a la chance de le voir sur scène. Il apprécie tellement qu’il tente alors de faire pareil. Il intègre par la suite une troupe de théâtre en Flandre et sillonne les villes et les pays durant une dizaine d’années. 

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© Youssef ABOULBARAKET

Un démarrage artistique rapide mais revenons un peu en arrière.
Avant cela, Khalid fait tour à tour des études de secrétariat à l’école secondaire qui l’ennuyèrent profondément, travaille comme étudiant à l’usine Boël, comme plongeur dans un restaurant ou encore vendeur de chaussures. Bref, des jobs peu captivants qui lui font prendre conscience de ceci: « Dans la vie, tu fais juste des trucs que tu n’aimes pas et qui t’ennuient, comme aller à l’école où les profs t’apprennent tout et n’importe quoi. Il n’y avait vraiment rien qui me plaisait en terme de travail », raconte Khalid.

Le futur artiste rêve de mieux, de plus grand. Il veut devenir chanteur comme son idole, pour toucher les gens avec une mélodie et un texte. Mais il se rend vite compte de l’inaccessibilité de son rêve: « Je n’avais pas les outils pour le faire et ma famille n’approuvait pas forcément cette envie. Cependant, une fois arrivé en Flandre, j’ai pu leur prouver le contraire, que c’était possible de vivre de sa passion! », se souvient-il.

C’est donc un de ses frères qui lui a donné l’envie de faire du théâtre, en allant en faire du côté de Gand. « Un jour j’ai été le voir et je lui ai dit: Et tu es payé pour monter sur scène? On a le droit de faire ça? Moi aussi, j’ai envie de faire du théâtre!« , se remémore l’artiste. 
Après avoir suivi cinq ou six mois de cours, Khalid tente le concours du « meilleur danseur de Belgique », toute catégorie confondue. Surprise générale, l’artiste ne gagne pas mais se qualifie en finale. « Pour moi, c’était vraiment encourageant! Je me suis dit que là, il y avait quelque chose qui se passait », nous explique-t-il les étoiles encore dans les yeux.

C’est suite à cela qu’il passe des auditions et qu’il est engagé dans la compagnie de théâtre et de danse anversoise « Hush Hush Hush » pour dix années. « Cette dizaine d’années passées dans cette troupe m’a ouvert l’esprit. J’ai compris que l’on pouvait créer avec tout et que cela était surtout réalisable en Flandre », se remémore-t-il. Khalid enchaîne donc de belles tournées de 1995 à 2005.

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© Kaya PRODAPHIE

Par après, l’artiste déménage à Maastricht, aux Pays-Bas, car il devient directeur de projets artistiques socio-culturels pendant une saison. Un instant bref qui s’explique par le fait que l’artiste préfère surtout créer et penser. Le reste de la fonction ne lui convient pas.

Après un an, Khalid revient donc en Belgique avec l’intention d’y faire enfin des choses.
Huit mois de relâche plus tard, il se rend alors compte qu’il a une envie de faire de l’humour, mais cette fois, en montant seul sur scène. Une grande première. 
A cette même période, il travaille également en faisant quelques animations de rue ou de lieux pour des associations.

Khalid Benaouisse s’immerge enfin dans l’univers de l’improvisation théâtrale dès l’an 2000, en prenant des cours d’initiation et en se lançant dans des matchs d’impro, ce qu’il continue toujours de faire aujourd’hui.

L’univers de l’improvisation le fascine, il s’explique: « Pour moi, l’impro est une discipline fantastique. Il y a tellement de choses à apprendre ». Les remises en question sont en effet perpétuelles.

A Bruxelles, il fait alors partie de la Fédération Belge d’Improvisation Amateur (FBIA). 

Le futur humoriste marocain enchaîne aussi un stage à l’AKDT de Neufchateau où il est coaché par Bruno Belvaux et Jean Lambert. « J’étais heureux car je ne devais penser qu’à ça du matin jusqu’au soir. C’est durant ce stage que j’ai eu cette prise de conscience que l’humour demande du temps et du travail et que c’est vraiment ça que je voulais faire de ma vie« , nous explique-t-il.

C’est durant cette période que Khalid Beanouisse commence à écrire ses sketchs, pour le plaisir, sans réellement penser à monter un spectacle.


En 2009, l’artiste intègre le « Kings of Comedy » à Bruxelles pour y faire un stage, écrire et jouer des sketchs. 

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© Youssef ABOULBARAKET

Par la suite, il rejoint le collectif d’humoristes « l’Agence Tous Rires» pendant une unique saison. Le collectif doit écrire et jouer chaque mois un nouveau spectacle d’humour. Mais le rythme éreintant du concept ne convient pas à l’artiste. 

Khalid est alors repéré par l’humoriste belge très connu François Pirette, dans le but de participer à la nouvelle émission belge sur la Une « Le Belge comme Eddy Show ». Plein de nouveaux humoristes y sont mis en avant, tout comme Alain Doucet, mais l’émission est un échec. Elle s’arrête après quatre ou cinq diffusions en prime time. 
L’apprenti humoriste la trouve trop carrée, il s’explique: « Participer au programme « Le Belge comme Eddy Show » a été une fantastique expérience. Pirette est un artiste incroyable. C’était très dur car on n’était pas assez libres, on devait écrire dans l’urgence et bien souvent, on ne savait pas ce qu’on allait jouer deux jours avant le tournage. Cependant, j’en garde de très bons souvenirs ».

Depuis cette année, Khalid fait partie de la nouvelle compagnie montoise d’improvisation « FMR » qui commence à se produire depuis quelques jours. Un collectif à suivre de près! 


La découverte du stand-up

Khalid Benaouisse découvre le stand-up avec des artistes américains comme Eddie Griffin, Richard Pryor et Louis C.K. Rien d’étonnant à cela puisque cette discipline artistique tire ses origines des Etats-Unis. « J’ai vu ces artistes faire du stand-up d’une manière tellement fabuleuse qu’ils sont un peu devenus des super-héros pour moi« , se confie-t-il.

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© Youssef ABOULBARAKET

Pour les profanes, le but du stand-up est de raconter des histoires comiques basées sur le quotidien, de manière simple et spontanée, sans accessoire et sans interruption, en faisant interagir le public. Pour l’artiste, « c’est ramener en quelque sorte l’art à sa manière la plus brute, sans artifice ».

Une forme de spectacle qui lui plait donc énormément mais qui lui semble pourtant assez laborieuse: « Pour moi, le stand-up est quelque chose de cool, de classe mais de difficile. Je suis d’une nature lente et écrire me prend du temps. Selon moi, le stand-up est un exercice ultime en tant que performer. D’habitude, lors d’un spectacle, tu te reposes toujours sur quelqu’un ou sur quelque chose comme un accessoire ou un élément de décor, mais dans ce cas précis, tu es seul sur scène face au public« , explique Khalid
Et pour l’artiste, être « un bon performer », c’est savoir faire réagir et rire le public présent, peu importe les conditions de jeu dans lesquelles il se trouve. Il s’explique : « Parfois, on passe en première partie d’un artiste et ce n’est pas toujours simple. Il m’est aussi parfois arrivé de jouer face à des gens bourrés. Le stand-up est une discipline vivante sur le moment car on ne sait jamais comment le spectacle va se dérouler. » 
Une chose est certaine, il faut pouvoir apprécier l’imprévu et le gérer, ce qui semble être le cas de Khalid. « Cet imprévu permet de répondre à un autre de mes besoins: faire de l’impro. En effet, le stand-up me permet de mélanger ces deux univers. Je défends alors ce que j’écris et j’ai la chance d’improviser afin d’interagir avec le public », nous dévoile l’artiste. 

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© Kaya PRODAPHIE

Il faut donc pouvoir s’attendre à tout lors d’un spectacle: « Les gens qui exercent cette pratique ne peuvent pas mentir sur scène car si ton humour fonctionne, tu l’entends dans la salle. Et s’il ne fonctionne pas, et bien tu l’entends aussi ! » raconte l’artiste en riant. 
L’humoriste doit donc être un fin observateur, improvisateur et doit jouer avec les ratés de ses sketchs tout comme avec les réussites. 

Bref, le stand-up est un exercice sans fin, qui demande énormément de travail, de réflexion, d’observation et de préparation. Khalid se considère toujours comme un « apprenti humoriste » pour ces raisons. En effet, il y a toujours des choses à apprendre pour progresser et se perfectionner. Mais pour tout vous dire, l’artiste excelle déjà dans le domaine! 



On vous laisse avec les dates de sa « tournée de la gratuité » et de ses prochains autres spectacles. Pour avoir déjà eu l’occasion de voir « Recueil de Grenier », on ne peut que vous conseiller d’y aller! Un beau moment en compagnie de l’humoriste vous y attend. A découvrir de toute urgence! 

DATES DES SPECTACLES DE KHALID BENAOUISSE 

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« Autres spectacles »

janvier 2014 – 4 dates : Bruxelles, Théâtre de la Toison d’or
(avec Laurence Bibot, Zidani,…)

 
 
 

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