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|| ART – INTERVIEW ||Ginger Dorigo, une artiste au prénom épicé pour un travail étonnamment poétique!

Aujourd’hui, l’équipe de Belle & Belge a rencontré cette jeune artiste de la région du Centre, en Belgique. Ginger a une formation de peintre et un travail qui porte sur la pluridisciplinarité. Nous l’avons interrogée sur sa passion pour l’art, sur son parcours et son travail artistiques.

 

Retour sur les faits. Revenons quelques années en arrière.

 
Mais qui peut bien être Ginger Dorigo?
Ginger a 23 ans et habite cette petite commune qu’est Chapelle-lez-Herlaimont. La jeune artiste vient d’une famille où l’art et la culture occupent une place importante et récurrente. Ce qui explique pourquoi plusieurs membres de sa famille sont actifs dans ce domaine. En effet, son papa a fait des études artistiques. Son grand oncle, Franco Pugliese, était un peintre italien reconnu nationalement. Et enfin, le frère de celui-ci, Nino Pugliese, était sculpteur. Ginger a donc baigné dans le milieu de l’art dès sa naissance et a en développé tout naturellement un grand intérêt.
ginger dorigo
Ginger Dorigo
Jusqu’à ses dix-huit ans, Ginger a connu un parcours scolaire plutôt classique. Elle a suivi des études secondaires générales en option « littérature et langues modernes », à l‘Athénée Provincial Warocqué à Morlanwelz. 
A la fin de sa dernière année, elle a le privilège d’obtenir « le prix de l’élève ayant montré le plus d’intérêt pour l’art et la littérature ». En effet, en cours, l’élève qu’elle était se montrait passionnée et faisait souvent des parallèles entre l’art et la littérature. Selon l’artiste, les deux vont de paire.
Ginger a également donné un cours sur l’art à ses propres camarades. C’est peut-être cela qui lui a donné l’envie de devenir professeur d’arts plastiques. Mais ne sautons pas d’étapes et procédons par chronologie.
A la fin des secondaires, Ginger a pour projet d’étudier la peinture dans une école supérieure d’arts plastiques. Le seul souci, c’est qu’elle hésite entre deux écoles. L’une d’entre elles est la Cambre, à Bruxelles, l’autre est les Arts au Carré, à Mons, anciennement appelée l’ESAPV. Le choix de l’artiste se porte finalement sur cette dernière, pour des raisons de proximité.
 
Durant cinq années, Ginger devient alors l’élève du chef d’atelier de la section peinture, Didier Mahieu.
Lors de la première année de cours, l’artiste se souvient qu’elle a du apprendre seule la peinture à l’huile. « En effet, les autres élèves avaient déjà suivi un cursus artistique avant d’entrer dans cette école. Ils connaissaient donc déjà les diverses techniques picturales. Je n’avais jamais pris de cours auparavant. J’ai connu quelques difficultés mais j’ai pu observer une grande évolution technique au fil des années », nous dit-elle.
 
Au cours du temps, le travail de Ginger évolue pour finalement associer la peinture aux installations. La jeune femme se définit aujourd’hui comme une artiste plasticienne qui privilégie le médium de la peinture qu’elle affectionne tout particulièrement. « Bien que parfois, d’autres médiums conviennent mieux pour le traitement de certains sujets », justifie-t-elle.
Elle achève ses études avec un master spécialisé en recherches picturales et réalise un stage au sein d’un atelier de restauration d’oeuvres d’art à l’académie Alphonse Darville, à Charleroi, auprès de l’artiste restaurateur Stéphane Delhal. Ginger termine avec succès ce master en obtenant une grande distinction. Chose qui est totalement justifiée par les qualités techniques et poétiques, à la fois intellectuelles et sensibles de son travail.

 

Un chemin vers l’enseignement

 

Actuellement, Ginger Dorigo suit une formation pour obtenir l’AESS (l’Agrégation de l’Enseignement Secondaire Supérieure). Parallèlement à cela, elle participe à divers concours. Dernièrement, l’artiste a envoyé sa candidature pour le prix de la commune de Woluwe-Saint-Lambert et le prix Louis Schmidt à Etterbeek. « Pour ces deux concours, mes toiles ont été sélectionnées pour les expositions », nous explique-t-elle.
Il y a quelques années, en 2010, la jeune artiste a été sélectionnée lors des présélections du concours de la RTBF, « Canvas Collectie ». A l’avenir, Ginger continuera de participer à d’autres concours.
 
Pour le moment, la jeune artiste nous explique qu’elle manque de temps pour prendre part à des expositions individuelles ou plus importantes. En effet, son travail appelle à beaucoup de réflexion, de maturation et de travail par rapport à la réalisation que demandent ses projets.
En attendant, Ginger participe toutefois à un projet d’exposition qui a lieu en mai, en collaboration avec l’Athénée Provincial de La Louvière. Le thème est basé sur le livre en général. Des travaux réalisés par les étudiants de la section « arts plastiques » seront exposés.
Ginger réalisera un projet avec un enfant ou un adolescent. Le but est de créer un « feuillet texte/image ». Pendant que l’un travaillera sur la réalisation du feuillet, l’autre travaillera sur l’image. Le but est d’en faire six exemplaires numérotés devenant des objets de collection.

 

Un travail artistique pertinent, lié au patrimoine connu et méconnu


L’ensemble de l’oeuvre de Ginger Dorigo est liée au patrimoine connu ou méconnu. 
L’équipe de Belle & Belge va vous expliquer ce qu’entend l’artiste à ce sujet et va vous faire voyager à l’intérieur de son univers.
 

2012: « Fragments, particules de fragments et toiles roulées »

 

Ce premier travail est lié au patrimoine méconnu. Ginger récolte des toiles sur des brocantes. Elle entame une réflexion sur les artistes qui n’ont pas été reconnus de leur vivant et dont les tableaux se trouvent dans ces brocantes. Ginger donne à ces artistes la chance de les actualiser, elle leur donne également une place importante et une reconnaissance qu’ils n’ont pas eues à l’époque.
 
Pour ce travail, la jeune artiste choisit d’abord un fragment significatif du tableau, qu’elle prélève et découpe. Elle le retisse ensuite sur une toile de lin brute, du même format que la toile de base. Le fragment prélevé est replacé au même endroit que la toile initiale. Le but est de mettre en évidence l’élément le plus significatif du tableau. Le processus de ce travail est un processus de retissage que les restaurateurs utilisent.  A travers cette démarche, Ginger panse les blessures du passé.
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« Retissage rose » – technique mixte – 70×40 cm – 2011  ©  Ginger Dorigo
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Détail « Retissage rose »  ©  Ginger Dorigo
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« Retissage charrette » – technique mixte – 100x50cm – 2012  ©  Ginger Dorigo
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Détail « Retissage charrette » ©  Ginger Dorigo
En deuxième lieu, Ginger se base de nouveau sur les fragments provenant des toiles des brocantes. Pour ce travail, l’artiste effiloche alors un des fragments, ce qui entraine un détachement des particules picturales, qu’elle récupère ensuite. Ces particules forment à elles-seules une peinture, soit positionnées ensemble, soit disposées séparément.
 
Si l’on se penche sur l’oeuvre intitulée « Ensemble de fragments », les fragments sont placés sous une vitre récupérée et fissurée afin de rendre compte de leur fragilité. Le travail de Ginger possède un aspect très poétique.
Ginger Dorigo
Détail  « Ensemble de fragments » ©  Ginger Dorigo
Dans cet ensemble de travaux créés par Ginger, rien n’est perdu, rien n’est jeté. Parallèlement à ce travail, les toiles trouées sont récupérées afin de former une troisième série d’oeuvres. Chaque toile trouée est alors roulée sur elle-même. Le but est que deux toiles roulées soient associées entre elles pour reformer un tableau, une oeuvre picturale.
Ginger Dorigo
« Duo » – toiles roulées et peinture à l’huile- 40x10cm – 2012  ©  Ginger Dorigo
En quatrième lieu, Ginger récupère encore une fois les toiles d’origine et les roule sur elles-mêmes. Elle les associe toujours entre elles afin de les empiler, formant un monticule de toiles roulées. Par la suite, Ginger photographie les tranches de ces toiles afin d’en imprimer cette photo. L’artiste souhaite transmettre au spectateur l’idée d’archivage de peintures. Sa volonté est de recréer une sorte de bibliothèque d’Alexandrie, mais avec des peintures archivées remplaçant les livres.
Ginger Dorigo
« Rouleaux II » – photographie – 77X250 cm – 2012 ©  Ginger Dorigo
Ces différents travaux et processus ont été créés pour fonctionner ensemble, au sein d’un même espace. « En effet, ils forment un laboratoire de peinture, que j’ai voulu recréer », nous explique Ginger.
Ginger Dorigo
©  Ginger Dorigo
Ginger Dorigo
Présentation à l’ESAPV de Mons, dans l’atelier peinture – 2012 ©  Ginger Dorigo
On peut réellement se rendre compte de ce laboratoire grâce à la pièce suivante intitulée « Observation », constituant le cinquième travail de l’artiste. Pour cette série, Ginger utilise des lames de microscope. Elle y insère une particule picturale par paire de lames, ce qui forme également une peinture. Cette démarche met en avant l’aspect individuel de la particule picturale.
Ginger Dorigo
« Observation »- fragments de peinture, tablettes en verre, étagère – 115X3,5 cm – 2012 ©  Ginger Dorigo
Ginger Dorigo
Détail « Observation » ©  Ginger Dorigo
 

2012 : « Une fenêtre ouverte sur… « 

 
Le deuxième travail de Ginger est également lié au patrimoine méconnu et réalisé à partir d’éléments du passé. Il peut être mis en relation avec son premier travail, mais ce n’est pas une nécessité.  L’artiste se base sur de vieilles cartes postales. Chacune d’entre elles devient « une fenêtre ouverte sur… ». Le processus est un peu similaire au travail précédent.  Ginger sélectionne un détail d’une carte postale et le place dans un feuillet, prédécoupé à l’emplacement de ce détail.
En fonction de la carte postale, l’artiste se glisse dans la peau de l’expéditeur. Elle écrit un texte à la machine à écrire en incarnant cette personne qu’elle n’est pas. Elle sélectionne ensuite dans le texte un passage qui suscite, selon elle, le plus d’interrogation. 
Le tout, c’est-à-dire l’image et le texte, constitue et s’appelle un « Feuillet de la vie ». Au total, il existe six « Feuillets de la vie » qui doivent fonctionner ensemble bien que chacun ait son propre titre.
Ginger Dorigo
Ensemble des « Feuillets de la vie (6) » ©  Ginger Dorigo
Ginger Dorigo
« Feuillets de la vie: L’enfance  » – technique mixte – 21X29 cm – 2012 ©  Ginger Dorigo
 

2012 : « Les petits musées »

 

Le troisième travail de Ginger Dorigo concerne des petits musées portatifs et est cette fois lié au patrimoine connu. Ginger crée de petites toiles (4x6cm) qu’elle peint à l’huile en se basant sur des détails de peintures de l’histoire de l’art qu’elle affectionne tout particulièrement. Ensuite, chaque peinture est replacée dans un contexte muséal. Ginger le crée en construisant une maquette. Ginger nous explique le but de sa démarche : « La volonté de ce projet est de montrer au spectateur qu’il peut recréer son musée portatif s’il le souhaite. Les petits musées deviennent une forme de cabinet de curiosité ».
 
Ginger Dorigo
« Petit musée de Fouquet et Friedrich » – huile sur toile marouflée, maquette 4X6 cm & 15X25X15 cm – 2011   ©  Ginger Dorigo
Ginger Dorigo
Vue d’ensemble de « Petit musée de Dali »  huile sur toile marouflée, maquette – 4X6 cm & 15X25X15 cm – 2011 ©  Ginger Dorigo

2011: « Les billes »

 

Le quatrième et dernier travail de Ginger Dorigo est une série de peintures représentant des billes de verre. L’artiste s’inspire de photographies de ces objets, qu’elle peint ensuite sur une toile à la peinture à l’huile. Ginger cherche à atteindre un certain degré d’hyper-réalisme, afin que la réalité devienne irréelle et afin de rendre visible ce qui est invisible. Pour cela, elle se base sur la texture de verre, sur les couleurs et la transparence que composent ces billes. Ginger cherche à montrer la subtilité du phénomène lumineux, grâce à la captation de la lumière et son reflet sur les billes. De par le format des oeuvres et le contraste des couleurs utilisé, Ginger nous plonge dans une atmosphère intimiste et poétique. L’artiste utilise dans ce cas précis des objets communs et « banals » afin que le spectateur puisse y trouver une signification qui lui est propre.
Ginger Dorigo
« Billes fixes ( I ) » – huile sur toile – 16X22cm – 2010 Collection M. Roose ©  Ginger Dorigo
Ginger Dorigo
« Billes mobiles ( I ) » – huile sur toile – 16X22cm – 2010 Collection M. Roose ©  Ginger Dorigo
Ginger Dorigo
« Billes mobiles ( III ) » – huile sur toile – 16X22cm – 2011©  Ginger Dorigo
Ginger Dorigo
Présentation à l’ESAPV de Mons, dans l’atelier peinture – 2011©  Ginger Dorigo
Ginger Dorigo est une jeune artiste dont le travail est prometteur. Elle a une réflexion très précise et mature vis à vis du monde de l’art et de son patrimoine.
Les photographies des oeuvres de l’artiste rendent bien compte de la poésie et de la maitrise de son travail. Elle gère aussi bien l’aspect technique, grâce à sa grande maîtrise de la peinture, que les aspects conceptuels et intellectuels de la création.

L’équipe de Belle & Belge souhaite à Ginger Dorigo un bel avenir ainsi qu’une belle réussite et vous tiendra au courant des futures expositions de l’artiste, dans l’agenda culturel de ce blog.

* Le site web de Ginger Dorigo
La page Facebook de Ginger Dorigo

rédigé par La Rédac’ Chef 

 sa fiche de chroniqueuse (à venir)

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